Sous terre
Antoine Lecharny, Annette Becker

Entre 2021 et 2024, Antoine Lecharny a entrepris un travail photographique consacré à la mémoire des fusillades massives des Juifs en Europe de l’Est et dans les pays Baltes. En l’absence d’importantes traces visibles de ces massacres, il a photographié des paysages retournés à une relative banalité qui dit l’oubli palpable de l’Histoire à l’œuvre. À ses côtés, l’historienne Annette Becker tente de sortir le passé de l’effacement en nous confrontant à l’horreur et au chaos. Par le recours aux sources disponibles, nous retournons vers le temps du génocide, entre 1941 et 1945. Ensemble, les auteur·rice·s portent un regard frontal et documenté sur ce pan de l’Histoire de la Shoah, peu connu aujourd’hui encore.

Effroi du vide ajouté au vide. On peut voir ici ou là, de l’Estonie à la Roumanie, un chandelier à sept branches, des stèles énonçant un massacre. Depuis quand, et jusqu’à quand ? Quelques matzevah, des inscriptions en hébreu, des stèles d’avant la catastrophe, quand on enterrait les morts dans les cimetières, des stèles d’après la catastrophe, quand les nazis avaient parfois exigé des Juifs qu’ils désacralisent leurs propres cimetières ou réemployé les pierres tombales jusque dans les camps-ghettos. « Même les morts ils ne les laissaient pas en paix. » Annette Becker

 

Sous terre a reçu l’Aide aux projets éditoriaux exceptionnels de la Région Île de France ainsi que le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Son lancement aura lieu le 27 novembre au Mémorial de la Shoah, à Paris, en présence des auteur·rice·s, de Luba Jurgenson et de Marin Karmitz.

 

« Depuis la lecture, en 2021, d’Anatomie d’un génocide. Vie et mort dans une ville nommée Buczacz, de l’historien Omer Bartov (Plein Jour, 2021), Antoine Lecharny cherche les traces du crime, interroge leur absence, en Ukraine, mais également en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Il a séjourné à Boutchatch en janvier 2022, quelques semaines avant les premiers bombardements russes, alors que la mémoire contrariée d’une guerre ancienne allait faire place à l’expérience d’un nouveau conflit. Il y a trouvé des synagogues en ruine, un cimetière aux tombes antérieures au génocide, avec ses morts abandonnés, échoués sur une terre sans descendants. Sur ses photographies, le passé rejaillit dans le tracé d’une croix gammée peinte à la bombe sur un mur, ou se cache sous les barres d’immeubles de l’ère soviétique, au fond d’un paysage incertain, derrière les silhouettes fuyantes des vivants sur le point d’être jetés à leur tour dans la guerre. » Allan Kaval, M, le magazine du Monde

  • Format 22 x 30 cm
  • 220 pages
  • 83 photographies
  • Octobre 2025
  • 978-2-487402-00-3

45,00

À paraître